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Crise entre policiers et gendarmes : quelle honte !

16 mars 2010

Un cargo de police

Le maquis « Le village zouglou » sis à Yopougon Niangon Toits rouges, sera désormais une bien sombre référence ! Car il a été le théatre de faits tout aussi insolites qu’anormaux, dont les suites n’ont pas fini de nous surprendre.

Que s’est-il passé ?

Pour ce qui est des faits, je ne vais pas m’y attarder, étant donné que les média abidjanais en ont fait un large écho. Mais avant de faire toute analyse, il est bon de rappeler qu’il s’agit d’un policier en arme qui, n’étant pas en service, lors d’une rixe dans ce fameux maquis, a usé de son outil de travail pour arracher la vie à deux gendarmes et à un étudiant. Ces faits se sont déroulés dans la nuit du vendredi 12 mars dernier. Selon la déposition du Sergent-Chef Tanoh (le meurtrier des trois autres protagonistes), il aurait agit de la sorte suite à une altercation survenue entre eux, pendant qu’il cherchait à protéger la nudité de deux jeunes filles (avec lesquelles il venait de partager des moments de gaité dans le maquis), et qui étaient allées se soulager dans un endroit à l’écart, endroit vers lequel les deux gendarmes se dirigeaient eux aussi. Lorsqu’il leur a demandé de ne pas y aller parce qu’il y avait déjà deux femmes, cela n’a pas été du goût des victimes, et la suite on la connaît :  injures, intimidation, bagarre, tirs de la part du policier, mort d’hommes.

Après ces malheureux événements, la tension est montée d’un cran hier matin (lundi), dans la commune de Yopougon. Un groupe de gendarmes, voulant exprimer leur colère par rapportau décès de deux de leurs frères d’arme, ont marché sur le commissariat du 19è arrondissement avant de prendre en otage deux officiers qu’il ont battus et blessés. Ayant réussi à encercler le commissariat, les gendarmes très en colère qui réclamaient le Sous-officier Tanoh (qui s’était déjà constitué prisonnier à la préfecture de police d’Abidjan) ont échangé des tirs sporadiques avec des policiers du commissariat. Les impacts des balles visibles encore au poste de police et sur le mur du 19è arrondissement, montrent bien l’ampleur de l’affrontement qui a eu lieu entre les deux corps.

Mon analyse de la situation

La première question qui vient à l’esprit est celle de savoir ce que fait un « corps habillé » dans un maquis avec son arme, qui est une dotation qu’il devrait utiliser seulement en service. Et puis, on connaît bien ces lieux appelés abusivement « temples de la joie » ! Ce ne sont pas des endroits où on peut rester longtemps lucide, vu ce à quoi on s’y adonne. Je me demande alors pourquoi le Sergent-Chef n’a pas laissé son arme chez lui (il dit lui-même habiter non loin du maquis), avant de rejoindre ses amis pour s’amuser.

La deuxième question est suscitée par l’une des réponses qu’a données le policier pour se défendre : « Je ne savais pas qu’il s’agissait de gendarmes ». Cette phrase signifie-t-elle que s’il l’avait su, il n’aurait pas fait usage de son arme ? Mais en même temps, cela donne une assez bonne idée de la conception que ce policier (peut-être pas le seul), a de sa mission à l’égard des civils ! Parce qu’il s’agissait de civils (du moins ce qu’il croyait), alors il pouvait leur faire la peau. Voyez-vous la gravité de ce raisonnement ?

Tercio, la réaction de représailles des gendarmes me semble inappropriée. Faire usage des munitions mises à leur disposition par le contribuable juste pour manifester leur colère, et subséquemment, terroriser toute la population d’un quartier, n’est pas digne de leur uniforme ! Rien que pour cela, ils doivent être punis.

Mais plus que toute autre chose, je crois que ce qu’il faut questionner, c’est le mode de recrutement et de formation de nos policiers, gendarmes et autres « corps habillés ». Force est de constater que depuis plusieurs années, l’entrée dans ces corps de service public est devenue un marché de corruption au su et au vu de tous, sans que personne n’ait le courage de le dénoncer ouvertement. On feint de ne pas voir le mal, et lorsqu’on est en face de ses conséquences logiques, on joue les étonnés, faisant des actions d’éclats sans lendemain. Voilà ce que j’en pense : les institutions de ce pays sont pourries dans leurs fondements, plus personne ne respecte aucune règle, et il faut un grand nettoyage des mentalités pour revenir à la normalité.

K@rl

Bloggeur africain